2019, championnat du monde de rugby , 2020 Jeux Olympiques , 2025 exposition universelle.

Trois dates et événements phares qui placent le Japon au centre de l’attention pour quelques années .

Le « boom » du Japon ne date pas d’hier , et – entre les nouvelles facilités de communication et de déplacements – on comprend aisément que le passage du rêve à sa réalisation n’est plus l’aventure que cela avait pu représenter il y a encore quinze ou vingt ans .

Le Japon n’est plus l’archipel de tous les mystères : pour les plus jeunes , dont l’éducation est forcément en phase avec les évolutions technologiques et structurelles de la société , familiers des mangas et jeux vidéo qui avaient tant divisé l’opinion moins d’une génération auparavant , il semble même relativement proche ! En effet , souvent seule la confrontation avec la réalité fait toucher du doigt les profondes différences que la plupart des œuvres mises sur le marché de par leur accessibilité contribuent parfois à masquer tout en entretenant d’autre part le lien entre les cultures . Or , si pendant des générations l’attrait de l’inconnu avait été un puissant moteur pour les rêveurs comme les ambitieux , la société actuelle privilégie l’ « identique » et boycotte volontiers ce qui déplaît de la même façon que d’aucuns « bloquent » toute opinion différente de la leur , toute disparité en fait, sur les réseaux sociaux au risque de perdre une vision d’ensemble , son esprit critique et surtout, de passer à côté du sel de nos jours : rencontrer l’Autre.

L’avantage , en découvrant le Japon dans ce contexte , c’est effectivement d’y trouver des éléments que l’on y cherchait , en contraste avec ceux auxquels on ne s’attendait pas ! Tout contact avec un pays s’apparente à une rencontre , que la magie opère ou pas, une question d’affinités .

Ainsi donc , les Jeux Olympiques occupent les esprits depuis l’annonce du choix de Tokyo pour 2020 , et ont été un remarquable prétexte à de nombreuses transformations structurelles , politiques et économiques . Le budget de ces jeux qui déjà à ce jour dépasse celui total des deux dernières décennies d’Olympiades fait grincer des dents , mais en tant qu’étranger , n’y-a-t-il pas là des opportunités ?

Les Jeux ne sont qu’une infime partie de la face émergée de l’iceberg , néanmoins , outre les possibilités inhérentes à l’organisation et au déroulement , ils permettent d’élargir la politique de promotion des entreprises étrangères , de la venue de travailleurs étrangers sur le territoire japonais .

Peut-on dès lors s’étonner que depuis avril (rentrée scolaire et administrative au Japon) les articles fleurissent sur le web francophone , tant dans les rubriques « voyage » et « art de vivre » que « finances et stratégies » ? Le thème de l’expatriation devient très récurrent .

En effet , et ce n’est un secret pour personne , le Japon fait rêver à de nombreux niveaux , et demeure l’une des destinations les plus attractives pour les candidats français à l’expatriation .

Différentes formes d’expatriation

L’expatriation , concept généralement associé à une certaine élite , les avantages et la fortune que la première en retire , a été un enjeu politique ces dernières années . Bien qu’enjeu mineur , l’idée de  « retirer » aux expatriés certains des avantages dont ils bénéficiaient , a quand même permis de cultiver en France une haine globale . Pourtant , l’expatriation,en fait,qu’est-ce que c’est ?

Dans l’absolu , être expatrié , consiste à vivre c’est à dire,résider et travailler, sous sa propre nationalité dans un pays autre que le sien .

Aujourd’hui , différentes formes d’expatriation coexistent , et sont suffisamment spécifiques pour nécessiter explications et accompagnement personnalisés avant d’envisager le départ.

De nombreux sites y sont consacrés , certains très pratiques d’autres d’un ordre plus personnel comme des journaux d’ « expats » , mines d’informations et de conseils basés sur l’expérience de français in situ ou en tout cas soucieux de transmettre leur expérience . Les sites officiels -ambassades,consulats et alliances françaises,par exemple- permettent de prendre les informations légales , de se préparer concrètement et être accompagné au cas-par-cas , à distance si l’on n’a pas la chance de pouvoir s’y rendre en personne dans un premier temps.

Je me contenterai donc de rester sur une présentation plus générale pour le Japon , tout au moins dans ce premier article.

Partir au Japon est « facile » pour un français à condition d’avoir les finances . Pas besoin de vaccins ou d’autorisations spécifiques , un simple passeport permet un séjour touristique d’un trimestre. Rester sur du long terme est une autre affaire.

Bien que l’expatriation soit une affaire très personnelle et que l’on peut affiner à l’infini la présentation , encore aujourd’hui on distingue de grandes tendances .

-l’expatriation « classique » , d’un travailleur aux compétences reconnues qui accède à un poste de prestige au sein de son entreprise au Japon ou de la branche japonaise de l’entreprise. Auquel cas , l’attrait pour le Japon n’est pas forcément la qualité demandée en premier lieu , compétence , adaptabilité , ambition sont récompensés par de nombreux avantages comme un salaire prenant en compte le déracinement et l’éloignement , peu,voire aucune démarche n’est à faire par soi-même pour les questions de sécurité sociale , de mutuelle et autres assurances.Le contrat avec l’entreprise est un sésame parfait qui permet également un retour au bercail sans problème . Ce cas se voit moins qu’auparavant dans le contexte actuel.

-l’expatriation en tant que français travaillant pour une entreprise japonaise ou étrangère sise au Japon . Aucun avantage particulier à en retirer , et des compétences linguistiques , une disponibilité , une adaptabilité totales sont requises .

-la solution « working holiday »: très populaire et souvent « la » solution adoptée au départ par de nombreux résidents actuels de la tranche d’âge 30 – 50 ans , un moyen d’être au Japon et de conclure un contrat de travail sur place.

-une nouvelle option : profiter des nouvelles aides du gouvernement japonais pour créer une entreprise : les compétences en japonais ne sont pas obligatoires,en revanche,il n’y a pas de réel kit « clé en main » et surtout des étapes à valider pour obtenir toutes les autorisations de séjour , de travail , de création d’entreprise . Il vaut mieux être bien accompagné légalement et la situation actuelle laisse présager d’évolutions à venir .

Quelle solution pour quel profil ? Quelques pistes

L’expatriation sous-tend la question du travail , de la santé et de la sécurité . On évoque quelquefois dans les médias la « bulle » dans laquelle vivrait une catégorie d’expatriés , certaine affaire très suivie par les japonais comme les français n’est pas faite pour faire reculer les a priori. Ils ne sont pas précisément tous logés à une telle enseigne . Les conditions de vie d’un étranger peuvent être très proches de celles d’un japonais , pour autant les statuts ne sont pas à l’identique et il est nécessaire de comprendre dans quelle situation l’on se trouve en cas de quoi que ce soit (maladie , accident , catastrophe naturelle ou nucléaire par exemple).

On aurait envie de dire que la motivation permet toutes les audaces et que l’adaptabilité est essentielle . Par ailleurs , quand bien même un bon cv ne fait pas tout , il reste un allié de poids selon le projet envisagé . Quelle que soit la formation de base , une fac , une école permettent à l’occasion des contacts voire des séjours ouvrant de belles perspectives . Par ailleurs , diplôme ou pas , des connaissances pratiques , une expérience du Japon sont autant d’atouts pour des secteurs en plein boom tels que le tourisme .

-Si toute une génération de français s’est honteusement illustrée dans le trafic de mangas et dérivés , consoles et jeux video , certains ont commencé à ouvrir la voie avec intelligence en restant dans la légalité , ce qui leur a permis de développer des activités en France ou au Japon en construisant un nouveau pont d’ordre culturo-commercial . Ils ont créé le « précédent » , cette route est donc plus ou moins occupée par des personnes jeunes , brillantes avec des compétences linguistiques ou légales , acquises à la fac ou sur le tas , mais qui ont tendance à recruter des japonais diplômés s’ils ont un vrai besoin de collaborateurs .

-les ingénieurs ont rarement du mal à trouver des stages , certains sont longs , néanmoins un stage au Japon ne débouche pas forcément sur des contrats sur place !

-l’ambassade de France publie régulièrement des annonces , généralement pour des personnes détentrices de masters en japonais+un domaine différent .

Avant de se lancer

Tout projet , à plus forte raison tout projet de vie , implique un minimum de réflexion et de préparation .

La plupart des japonisants ont dans leur cercle de connaissances un français arrivé par hasard au Japon ou avec un conjoint japonais , qui par la force des choses est plus ou moins concerné par une expatriation ou des séjours à très long terme au Japon sans l’avoir prévu ou cherché au départ . Ce sont des situations inhabituelles qui exigent un véritable amour du Japon et une capacité à vivre un décalage culturel .

A contrario , un japonisant peut adorer séjourner au Japon régulièrement et ne concevoir sa vie ailleurs qu’en France .

Le décalage entre la réalité du Japon et un Japon fantasmé peut être rude .

Là intervient la nécessité de se former un minimum. Le japonais n’est pas une langue difficile , et contrairement à il y a encore quelques années où trouver ne fût-ce qu’un manuel de grammaire relevait de l’exploit , les cours se font plus nombreux et attrayants financièrement , le web une manne pour s’approvisionner gratuitement en matériel écrit , audio ou visuel !

Le Japon désormais pays très touristique n’offre pas de chances illimitées à l’expatriation . Ce qui implique qu’il vaut mieux ne pas rater les portes ouvertes . Ainsi , il est préférable de commencer par se former en japonais pour bénéficier de séjour(s) linguistique(s)/voyage(s) scolaire(s) qui ne demandent rarement de démarches de la part du voyageur . De même , un échange universitaire d’une année entre dans un cadre spécial qui peut déboucher sur une prolongation de séjour , des travaux à la fac sous contrat de travail sans avoir à entamer l’option « working holiday ».

Le visa « working holiday » devient intéressant quand on n’a pas pu bénéficier d’un échange scolaire ou que sans formation particulière , on désire passer une année au Japon avec la possibilité de travailler sur place pour la financer . Attention , cette solution n’est valable que jusqu’à 30 ans! Et les métiers faciles d’accès (sans parler la langue) sont également synonymes de totale précarité de l’emploi .

Avec des économies suffisantes , il est facile de prévoir cette année comme une année sabbatique , et de la vivre comme des vacances . Elle sera sans doute exceptionnelle en souvenirs et en expériences , elle ne permettra pas de prolonger votre séjour sans un contrat de travail en fin de parcours. Il vaut mieux donc prévoir cette option en dernier lieu , après avoir profité de vacances (peu de chances de se faire une idée du quotidien dans ce contexte) , et/ou de séjours linguistiques avec des accès à de l’assistanat par exemple , qui donne déjà un nouvel angle de vue . Le visa working holiday doit être utilisé à bon escient sous peine de perdre des chances de départ , si le cv n’est pas un passeport possible.

Pour se préparer sur le terrain et avec « seulement » des visas touristiques , il reste le voyage.

Onéreux de par la distance et le niveau de vie , le voyage commence à se décliner de multiples façons . Le WWOOFing (séjour en exploitations bio gîte et couvert contre travail non rémunéré) n’est pas complètement entré dans les mœurs au Japon et tout le monde ne veut pas tenter l’expérience dans des régions agricoles mais irradiées . Pour avoir des proches qui ont tenté l’expérience , il semblerait qu’ils aient constaté de grands décalages de compréhension du concept de « WWOOFing » en soi selon les exploitations , et ils sont restés sur un goût mitigé . Une solution très intéressante et à suivre car en pleine mutation , mais pas exempte de mauvaises – voire très mauvaises – surprises !

Se protéger

Vivre et travailler à l’étranger , tout en ayant une nationalité différente implique un statut à part , qu’il est important de connaître parfaitement .

Dans son propre pays , nul n’est censé ignorer la loi , il en va de même pour quelque lieu où l’on s’installe .

De même , s’il est important de connaître les lois , les règles de base du pays où l’on désire s’établir , il est tout aussi important de savoir quels sont les droits et les devoirs qui seront nôtres une fois sur place .

Se protéger devant la loi , protéger sa santé , pouvoir suivre des protocoles de soins lourds , éventuellement assurer son retour en cas de problème majeur , deviennent des points essentiels , surtout si le départ se fait en famille et qu’il devient nécessaire d’assurer la tranquillité de ses enfants en plus de la sienne propre .

Le statut peut être différent selon le choix des modalités d’expatriation ; il importe de s’en assurer avant tout départ et de ne jamais rester dans le flou . Les ambassades du Japon et de France au Japon permettent de mieux réaliser le cadre légal et le statut réel dans lesquels vous vous inscrirez , les conseils pratiques de personnes dans une situation analogue peuvent se révéler extrêmement précieux . On trouve beaucoup d’articles qui n’hésitent pas à égratigner les institutions, n’oubliez pas que ce sont ces mêmes institutions qui peuvent vous protéger en cas de coup dur -sans jouer la carte du pessimisme , un peu d’anticipation réaliste permet de partir en toute sérénité .

Le Japon est une terre de catastrophes naturelles .

Séismes et tsunamis qui vont avec , éruptions volcaniques , accident nucléaire qui pourrait découler d’une catastrophe naturelle comme en 2011 sont autant de réalités à prendre en compte .

Les séismes toujours plus fréquents et intenses laissent présager d’un « big one » à brève échéance , la probabilité d’un séisme grave voire très grave d’ici les Jeux a été encore revue à la hausse . Partir n’est donc pas anodin , et un peu de prévoyance présente quelques avantages .

Partir les mains dans les poches peut sembler séduisant , et tout à fait dans l’idée de s’ « alléger » que l’on prône tellement aujourd’hui .Une bonne préparation le permet autant que possible , les nouvelles technologies sont elles aussi des alliées en facilitant les démarches , les identifications et une première approche livresque du Japon. Bons préparatifs !

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東南仏生まれ。写真好きな母とミステリーマニアの祖父母によって風変わりな教育を受ける。旅好きな祖父母の遺伝子を濃く継いで、歩ける前にボートに乗っていたことを誇りに思い、「水」に関するすべてに興味を示し、ボートをこよなく愛す。 画家・フランソワ・シャンポリオン("エジプト学の父"と呼ばれたジャンフランソワ・シャンポリオンの子孫)の弟子で、そのアトリエにあった本を捲ったある日、雪舟の水墨画に心を奪われ、日本を描く夢を抱くようになり、絵を描きながらもパリのフランス国立東洋言語文化研究所(Institut National des Langues et Civilisations Orientales-INALCO)を卒業して以来、画家、講演者、翻訳家、通訳者として活躍しており、フランスと日本両国間の架け橋になろうと頑張っている。 祖母の影響で無二の料理好きに育ち、レシピ集を書くように勧められても躊躇っていたが、3・11後に祖母から頂いた"作る"と"食べる"というシンプルな幸せと安心を分かち合いたく、料理研究家として活動し始める。「みんなが笑顔になるフランスの定番おやつ Goûter」(自由国民社)、「マリエレーヌのアイスクリームとシャーベット」(文化出版局)の著者。故郷であるコートダジュールを深く愛し、「コートダジュール大使」になったことを心より光栄に思う。

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